Cercle du Zéro


Section Régionale Picardie - Nord - Pas-de-Calais


LES WAGONS BACCHUS
Historique


Si les Romains nous ont apporté le vin, nous leur avons fourni en échange le récipient idéal qui a apporté à ce nectar tout ce qui lui manquait. Le tonneau inventé par les gaulois a vu ses dimensions augmenter jusqu'à devenir foudre et à être posé sur un châssis de wagon pour faire voyager le vin des vignobles vers les consommateurs, et ce dès la fin du XIXème siècle. Ce trafic fut longtemps l'objet de rivalités entre le PLM d'une part, et le tandem Midi - PO de l'autre, qui se disputent la distance de taxation la plus courte afin d'attirer les expéditions dans une course à Paris. Ainsi furent créées plusieurs lignes du Massif Central afin de gagner les précieux kilomètres sur la compagnie rivale et grappiller ainsi un peu de trafic à celle-ci.

A l'origine, le vin était transporté dans des barriques ou des fûts, chargés sur des wagons plats ou des tombereaux, qu'il fallait rapatrier à vide ; mais les wagons étaient taxés comme chargés (de fûts) par le transporteur, au grand dam des viticulteurs et des négociants. Ainsi se fit le chemin vers un wagon spécialisé, qui pourrait être rapatrié à vide à coût réduit... et fut créé le wagon foudres.

Il y eut deux familles de wagons-foudres : le monofoudre et le bifoudre, qui étaient d'ailleurs appelés wagons-réservoirs par les compagnies. Ceux-ci étaient composés de un ou deux foudres, en fonction de leur type, posés sur un châssis (à l'origine en bois, puis, en métal, suivant ainsi l'évolution de conception du matériel roulant) par l'intermédiaire de berceaux.
Ces foudres étaient solidement arrimés par l'intermédiaire de tirants. Une échelle permettait d'accéder au-dessus des foudres pour manoeuvre les bondes de remplissage. La vidange des foudres se faisait par l'intermédiaire de robinets placés sous les foudres. A l'origine, une caisse aux agrès se situait à une extrémité du wagon, où se rangeaient les accessoires. Une pompe était également fixée sur le châssis afin de permettre le remplissage des foudres. Ces deux derniers objets furent démontés au fur et à mesure de la spécialisation des lieux d'expédition et de destination.
Les compagnies ont poussé les propriétaires de ces wagons de particuliers à équiper la moitié du parc au moins de guérite de serre-frein (un investissement important, la plupart auraient bien aimé s'affranchir). Bien sûr plus tard le frein automatique marchandises ou la conduite blanche furent montés sur les wagons. Les foudres étaient de tailles variables ainsi les propriétaires embranchés ou chargeant sur des lignes où la charge à l'essieu était inférieure à celles des grands réseaux (Hérault, par exemple) avaient généralement des foudres de capacité inférieure. Certains expéditeurs utilisaient également des foudres plus gros, mais ne les remplissaient pas totalement, et complétaient le chargement lorsque le wagon arrivait à la gare grand réseau.

L'ère du wagon-foudre s'étend de la fin du XIXème siècle jusqu'au lendemain de la dernière guerre, oû ils furent supplantés par les wagons citerne. On se souviendra des descriptions de Henri Vincenot sur le vin de chine que les employés récoltaient délicatement en perçant les foudres à l'aide d'un vilebrequin et rebouchaient avec une cheville. Certains chefs de gare reconnaissaient qu'il y a une vingtaine d'années de tels agissements se produisaient parfois avec les citernes à vin (directement au robinet) ... mais il y a prescription aujourd'hui.


Ce wagon fut fabriqué par De Dietrich, qui fabriqua d'ailleurs 1543 wagons-foudres, et 43 tri-foudres - Trois foudres dans le sens de la longueur, parfois les deux extrèmes étaient plus petits que celui du milieu.

Le châssis des wagons-foudres fut d'abord en bois, puis en fer. Leur longueur oscilla entre 6m et 7,40m, l'entraxe des essieux de 3m à 3,75m. Parfois ceux-ci furent construits à partir de châssis récupérés sur des wagons de type plus anciens. Le châssis et les tirants étaient peints en noir.
Les foudres ONT TOUJOURS ETE PEINTS (c'est une question de conservation des foudres qui a fait laisser couleur "bois verni" le bifoudre du Musée de Mulhouse). 80% du parc était gris PO (Humbrol 21), 10 à 15% brun Van Dyck, 5% rouge (brun Van Dyck dont on aurait forcé sur le rouge) et quelques-uns vert SNCF. En cas de présentation lors d'une exposition, le wagon était repeint à neuf (foudres en gris, cercles et tirants en noir). En temps normal, ils subissaient les altérations du temps, les coulures de vins, etc.
Facultativement, sur une plaque ou deux fixée aux tirants, étaient inscrits la raison sociale, la ville, le département et le numéro du wagon. Les lettres étaient généralement blanches ombrées ou non sur fond bleu roi ou de couleur foncée, ou bien noires sur fond gris. Sur les fonds extrêmes du ou des foudres, les initiales du propriétaire suivies du numéro étaient inscrits.
Diverses inscriptions complétaient le marquage.
Au sujet des numéros des wagons, jusque vers 1905, il semblerait que les wagons, n'eurent pas d'autres numéros que celui du propriétaire.
Exemple : Jules Magail nº 74.
De 1905 à 1924, le numéro se situait dans la série des numéros de wagons de particuliers, soit :
Pour le réseau :
NORD 300 001 P à 325 000 P
EST 325 001 P à 350 000 P
PLM 350 001 P à 375 000 P
MIDI 375 001 P à 400 000 P
P.O. 400 001 P à 425 000 P
ETAT 425 001 P à 475 000 P
A.L. 475 001 P à 500 000 P
Après 1925, dans celles des wagons de particuliers, sans tranches spécialement affectées, soit :
A.L. 500 000 P à 509 999 P
EST 510 000 P à 519 999 P
ETAT 520 000 P à 539 999 P
MIDI 540 000 P à 559 999 P
NORD 560 000 P à 574 999 P
P.L.M. 575 000 P à 594 999 P
P.O. 595 000 P à 599 999 P.

A noter que l'on retrouvait six fois le numéro sur chaque wagon : une fois sur chaque face latérale du (ou de l'un des deux) foudre, une fois à chaque extrémité du wagon, et une fois sur chacun des côtés du châssis.
Sur les flancs des foudres, on avait également la mention Transport de vin, et admis à circuler sur le PLM (ou le Midi) ; cette dernière mention figurait aussi sur le châssis. Sur celui-ci, en lettres blanches, la charge normale et la tare, la capacité des foudres, l'empattement des essieux, les lettres ou signes pour les freins.

Si vous avez des compléments à nous faire parvenir, n'hésitez pas...


Historique
Le Tarif P.V. 29 du Nord, et le Tarif Commun P.V. 129
Le cas des Wagons Réservoirs Système Lepage
La Société des Wagons-Foudres de la Seine

Pages magazines au sujet du parc marchandises

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