Cercle du Zéro


Section Régionale Picardie - Nord - Pas-de-Calais


LES COULEURS DU MATERIEL PLM


Souvent nous hésitons pour la peinture de nos voitures et wagons et nous entendons pour ainsi dire autant d'opinion que de personnes que nous interrogeons... Aussi pouvons nous essayer de faire le point en questionnant quelques personnes reconnues pour leur compétence.

Jean-Pierre Vergez-Larrouy a effectué des recherches sur le sujet aux archives nationales. Il a ainsi relevé quelques notes dans les documents versés par les Compagnies, et en particulier dans les PV de Conseil d'administration :
Fourgons séries DD, DDf, DDif : Caisse peinte en vert.
Couverts fermés série JL et JF : Caisse grise , châssis noir. Lettres blanches bordées d'un filet vermillon.
Couverts à bogies HL, Hf, Hif : Caisse grise , lettres et chiffres en blanc bordé de vermillon, châssis et organes de roulement en noir.
Plats ML, SL Sf : Caisse grise , lettres et chiffres en blanc bordé de vermillon, châssis et organes de roulement en noir.
Wagons écuries série G à 3 ou 6 stalles : Caisse grise , avec montants et ferrures noirs. Lettres et chiffres jaune d'or bordé de vermillon. Intérieur de la caisse en jaune ocre.
Bien entendu, cela ne nous donne pas la nuance du gris, mais Jean-Pierre ajoute : Pour le PLM, il semble que le gris soit plus clair qu'au MIDI (au MIDI, il préconise le Humbrol 27 qui semble le plus plausible). J'avais choisi le Humbrol 64, mais il est peut-être trop clair. Prendre une teinte intermédiaire entre le 27 et le 64.

De son côté, Jean-Pierre Prévost explique :
Les wagons étaient soit rouge sidéros et châssis noir , soit gris clair et châssis noir. Les ferrures noires à l'origine, furent ensuite de la couleur de la caisse. Ceci est facilement vérifiable même sur des photos en noir et blanc, par exemple dans Trains Oubliés de José Banaudo.
Le gris des wagons était clair, et moins bleuté que celui du midi ou du Nord.
Pour les marquages, les cartes postales en vente à Arpaillargues (Musée 1900, moulin de Chalier, Route d'Uzès, F-30700 Arpaillargues), noir et blanc à partir de plaques de verre (c'est en fait l'ancienne collection du Museon di Rodo du regretté Henri Girod Eymery), sont excellentes pour les marquages. Préférez-les à ce qui parait dans Loco Revue, etc...
La collection complète de l'Illustration a été rééditée il y a une dizaine d'année. Si vous pouvez la consulter, vous y trouverez des photos ou des dessins d'époque ; on ne peut trouver plus vrai.

De son côté, Marcel Le Guay faisait remarquer que les wagons étaient entretenus dans de nombreux ateliers, où la nuance variait de l'un à l'autre, tout comme d'un mélange à l'autre en fonction de la fabrication et de l'arrivage des pots. C'est ainsi que le gris à Oullins était légèrement différent de celui d'Arles, à la même époque, et que celui d'Arles en Mai 1889 était différent de celui d'Arles en Octobre 1895... Il est donc difficile de se faire une opinion aujourd'hui.
Marcel confirme les deux couleurs de wagons en précisant que le gris à ferrures noires était plus résistant à l'origine du chemin de fer, compte tenu de la qualité des peintures. Il faudrait faire une étude sur la fabrication des peintures pour pouvoir fixer l'évolution de la couleur du matériel. En effet, la peinture protégeant le bois ne protégeait pas le métal au XIXème siècle. C'est donc par sa composition que l'évolution s'est faite. Le rouge sidéros apparaît au tournant du siècle et se partage quelques décennies avec le gris. Il n'y eu pas de séries particulières peintes en rouge plutôt qu'en gris, tout fût fonction des remises en peinture lors des révisions du matériel.

Certaines personnes diraient en fait que les wagons PLM n'étaient ni gris, ni rouges, mais noirs après quelques utilisations. En effet, la poussière, la vapeur , le charbon, les intempéries ne laissaient pas les wagons propres bien longtemps. Il se couvraient dons d'une jolie patine. De plus, contrairement au voitures à voyageurs, les wagons n'étaient JAMAIS lavés, et ne retrouvaient une teinte fraîche que lors de remise en peinture après de grandes révisions générales, ou des réparations importantes. même si certaines planches endommagées étaient changées, peintes en "propre", elles se voyaient en quelques voyages recouverte de l'uniforme de rigueur...

Le Recueil des Dessins du Matériel Roulant pour la ligne du Bourbonnais publié par la Cie du PLM en 1859 indique pour sa part que les wagons étaient Brun Rouge sans autre précision.

Passons maintenant aux voitures à voyageurs.

Répondant à la question pour le matériel de l'ex-Compagnie du Bourbonnais, Jean-Pierre Prévost indiquait :
Pour la 1ère classe, caisse rouge Van Dyck jusqu'à mi-hauteur, filets jaunes bouton d'or. Dossier et le reste noir.
En 2ème classe, caisse ocre jaune (et non pas jaune bouton d'or). filets jaunes bouton d'or. Dossier et tout le reste noir.
La 3ème classe avait pour sa part une caisse verte jusqu'à mi-hauteur, filets rouges et (IMPORTANT) haut de caisse noir, ce qui laissera plus tard la place au vert pour toute la hauteur de la caisse. Tout le reste noir, y compris les dossiers. Le vert est difficile à définir. La terminologie utilisée est variable selon les ouvrages. Vert bouteille est assez vague, vert moyen, parfois usité, l'est encore plus. Il semblerait que le vert d'origine était plus clair que celui de la période finale, où l'on cite le vert olive pour les fourgons et parfois pour les 3ème ! Ce qu'il faut retenir, c'et plutôt que les compagnies d'origine, avant le PLM ont eu diverses expériences, plus ou moins heureuses, qui ont précipité leur évolution, parfois de manière imprévue, et aussi leur disparition, fusion, etc. Il y a eu de nombreux échanges de matériel, changement de propriétaire, etc. et apparemment les stocks de peinture ont également émigré sur d'autres réseaux, parfois très distants les uns des autres. Il suffit de comparer par exemple le vert de la locomotive "L'Aigle" (qui est en réalité "Le Pierrot", rebaptisée) de l'Avignon-Marseille, avec le vert des locomotives du Paris-Lyon (Fontainebleau n°8) dont il existe de nombreuses gravures. IL s'agit de tons bien différents, et aussi du vert de la locomotive 765 "Fourchambault" de Bourbonnais (voir gravures dans "le Praticien Industriel").

Mais qui peut dire lequel de ces verts est le vrai vert moyen ou vert olive ?
Comme il faut bien se décider et choisir, il me semble qu'une référence sérieuse est ce qu'il reste de la collection du Museon di Rodo. Tout n'y est sans doute pas parfait, bien sur, mais je connais assez bien l'histoire des modèles, car je connaissais bien Henri Girod Eymery et j'étais en quelques sorte un hôte privilégié du Musée. Il me montrait des modèles qui sortaient rarement de leurs boites, et me parlait aussi bien de leur histoire que celle du modèle en vrai grandeur. J'ai donc appris que certains ont fait l'objet d'études très approfondies, avant leur construction. Parfois cinq ans, parfois même davantage. Aujourd'hui, ce qu'il reste est au Musée d'Arpaillargues. Il y a deux grandes vitrines avec des locomotives, voitures et wagons. En général les couleurs sont exactes, pas pour 100% des modèles, mais beaucoup.
Il y d'autres moyens, dont :
- Les tableaux contemporains du matériel, aquarelles, etc. Pour cette époque, recherchez les peintures de J-P Laurens (années 1850). Il a peint des scènes de l'Avignon-Marseille, des débuts du PLM, des ouvrages d'art, etc. Je n'ai pas encore eu le temps pour des recherches approfondies à ce sujet. Certains de ces tableaux faisaient partie de la collection John Devolery, vendue et donc éparpillée à Fontainbleau voici dix sept ans.
- Le "Praticien Industriel" devrait se trouver dans plusieurs bibliothèques, et probablement au Conservatoire National des Arts et Métiers (Rue St Martin, Paris), ainsi qu'à Mulhouse. Les gravures y étaient publiées avec une qualité d'impression remarquable et les teintes sont vraiment exactes.
- Les cartes postales coloriées. Là encore à aborder avec prudence. Certaines sont criardes et sentent le faux. Par contre d'autres sont de véritables chefs d'oeuvre, et il me semble clair que lorsque les couleurs qui n'ont pas d'époque, celles de la végétation, du sol, du ciel, des bâtiments, ont été rendues avec un souci d'exactitude, on ne voit pas pourquoi l'artiste aurait sabordé son travail en dénaturant le centre d'intérêt de la carte postale, c'est à dire le train, par des couleurs inexactes.
La Vie du Rail vendait encore il y a quelques années, des diapositives de ces cartes postales, et parmi celles-ci le PLM ancien. J'en ai deux montrant les voitures de 2ème classe, et il est clair qu'elles étaient ocre jaune, et sûrement pas le jaune vif de Fulgurex !
Si vous avez la patience de feuilleter des numéros ancien de cette revue, vous y trouverez quelques cartes postales en couleur.

Et maintenant, tous à vos palettes !


Réaction de Gérard HUET (artisan).
Les couleurs chez INTERFER (artisan).

Si vous avez des compléments à nous faire parvenir, n'hésitez pas...


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